Mars 2009 -
Le blocage
Rien ne peut justifier que se dispersent, aux élections européennes du 07 juin 2009, toutes les forces de gauche et les citoyen-ne-s engagé-es qui, au nom d'une autre conception de l'Europe, combattent ensemble le traité de Lisbonne et la logique libérale de la construction européenne actuelle. Tous conviennent que pour retrouver un cycle de conquêtes collectives en Europe et en France, pour obtenir des avancées sociales, écologiques et démocratiques significatives, il faut combiner luttes sociales résolues contre les politiques en cours avec les constructions politiques alternatives, rassemblant des majorités capables de changer en profondeur l'Union européenne. Tous ont formulé un socle de propositions concrètes, populaires et partagées à l'épreuve des grands combats communs et de la campagne référendaire de 20051. Tous peuvent donc se rassembler : différents mais ensemble. Rien ne peut justifier de désespérer la vitalité existant partout dans le pays en faveur du rassemblement autour de ces contenus.
La mobilisation de toute la société en Guadeloupe et en Martinique, un LKP capable de fédérer 59 organisations syndicales, culturelles et associatives, et ce qui s'est passé lors de la puissante manifestation unitaire du 29 janvier dernier démontrent combien on peut combiner, stimuler rassemblement et contenus, au lieu de les opposer comme on l'entend ici ou là.
Et pourtant le NPA se prépare à faire cavalier seul au prochain scrutin car il souhaite un front durable pour les élections européennes et régionales. Avec un goût de l'absolu tel qu'il fait renoncer au bonheur. Si l'exigence d'un front politique durable est légitime, comment peut-elle être une condition préalable à un front électoral aux Européennes ? Au contraire, le succès d'un tel front constituerait le meilleur moyen de développer dans la durée une puissante dynamique politique pour dépasser le capitalisme ici et maintenant.
Et pendant ce temps, le noyau dirigeant du PCF s'arc-boute à ne pas reconnaître comme partenaire du Front de Gauche la Fédération pour une alternative écologique et sociale. Alors que celle-ci réunit 8 organisations2, rassemble des élus nationaux et locaux d'Ile de France comme de province, est riche de nombreux relais locaux. Alors qu'il n'y a aucun problème et que les contenus sont partagés.
Si la Fédération - en gestation comme le PG - n'est pas tout le rassemblement, elle en est un bout précieux. Précieux pour rassembler au-delà des rangs du PCF et du PG, précieux pour prendre en compte des exigences écologiques et sociales, précieux pour s'adresser à des citoyen-n-es qui ne se reconnaissent pas dans les organisations politiques actuelles et ne veulent pas, en l'état, s'y rallier.
Le seul motif - finalement avoué - par l'exécutif du PCF pour récuser la Fédération est celui de la double appartenance de communistes au PCF et à la Fédération. Autrement dit, si la Fédération ne comportait pas de membres actifs du PCF, il n'y aurait plus de problème. Des dirigeants du PCF n'hésitent pas à reconnaître un partenaire animé notamment par d'ex-responsables du PS, ce qui est parfaitement légitime, mais se glace quand un partenaire potentiel est co-animé par des communistes. D'où des tentatives d'accord partiel avec quelques personnalités qui ne remplaceront pas une dynamique unitaire. Pourtant, la double appartenance n'avait pas posé de problème pour les Régionales de 2004 : des candidats en Ile de France avec à la fois l'étiquette PCF et Alternative Citoyenne avaient mené une liste au score final de 7,5 %. Quant à la double étiquette de communistes pour le Front de Gauche, ces derniers ont indiqué qu'ils n'en feraient ni un obstacle, ni un fromage, mais qu'il fallait reconnaître la Fédération comme un partenaire à part entière.
Le groupe des Unitaires du Conseil National a exprimé sa plus vive inquiétude sur la persistance de ce blocage interne et secondaire au regard de l'enjeu européen comme de ce que vivent les populations et les salariés.