Février 2009

- L'édito : Européennes : tous ensemble ?

Le Conseil national du PCF du 7 février a débattu de la mise en oeuvre pratique du Front de gauche pour les élections européennes de juin 2009 et de la situation créée après la puissante manifestation syndicale du 29 janvier. Après le rapport de J.M. Coppola, la discussion s'est ouverte sur l'intervention de J.L. Bousquet rendant compte du meeting réussi dans l'Hérault (1200 personnes), qui rassemblait le PCF (F. Wurtz), le PG (J.L. Mélenchon), l'Appel Politis (D. Sieffert), les Alternatifs, le MRC, les Collectifs unitaires. Le débat au CN a porté sur l'opportunité de savoir s'il fallait ou non "sortir de l'Europe" (comme on sort de la France ou du Cantal), ou sortir de "l'Union européenne" (J.-J. Karman). F. Wurtz a de son côté souligné le fait que nous devions être aussi bon que le "très bon J.L. Mélenchon" sur l'anti -sarkozysme et la politique nationale, mais que nous devrions montrer notre différence avec lui sur les enjeux européens.

Du côté de la sensibilité unitaire du Conseil national, nous avions voté la résolution (24 oct. 2008) en faveur de la constitution d'un Front de gauche pour les élections européennes, en vue de faire bouger les lignes en Europe. Dans notre esprit, ce front doit être durable, et non "biodégradable" une fois l'élection passée. Au CN du 7 février, nous avons insisté sur les dimensions indissociables de l'écologie, du social et de la démocratie dans le combat contre le Traité de Lisbonne et pour une autre Europe. Nous estimons par ailleurs que c'est la démarche unitaire qui permettra d'ouvrir et de stimuler le débat sur les contenus pour une alternative au capitalisme. C'est d'ailleurs ce qui s'est produit le 29 mai 2005 et le 29 janvier dernier. A rebours de cette idée, Michel Laurent pense lui que "si la construction se fait à partir des contenus, elle sera durable et populaire", ce qui selon nous constitue un préalable très dommageable et récurrent à l'ouverture des chantiers de fond.

Seule une dynamique unitaire comme celle pour le NON de gauche au TCE peut permettre de changer la donne en Europe et en France. Des nombreux membres du CN ont de fait souligné les risques d'enfermement de la campagne dans un duo PG-CF.

Selon des membres de la direction du PCF, la stratégie du front ne peut marcher sans la "participation citoyenne", ce qui objectivement n'est pas une affirmation nouvelle dans un choix stratégique communiste. M.G. Buffet a souligné "qu' il faut éviter que le front soit un simple cartel de forces". Or qu'est donc à ce jour le Front de gauche si ce n'est un cartel de deux organisations ? Pense-t-on que des citoyen-nes et des personnalités se rallieront sous la bannière du duo PG-PCF (auquel pourrait s'adjoindre le MRC) ? Pour la sensibilité unitaire du Conseil national, tout ce qui peut contribuer à élargir de manière dynamique le rassemblement doit être au coeur de la démarche. Il existe des partenaires qui peuvent être eux aussi moteurs et contribuer à un rassemblement "grand angle". C'est le cas de l'Appel Politis. C'est le cas de la Fédération pour une alternative écologique et sociale, qui cimente et rassemble des forces militantes (8 associations et organisations) comme des citoyens engagés et non organisés, notamment en faveur d'une autre Europe.

La direction du PCF considère-t-elle ce partenaire - dans lequel se retrouvent notamment des communistes et des écologistes, des élu-e-s nationaux et locaux - comme légitime ou bien prendra-t-elle le risque de s'en priver et de se retrouver en quasi tête-à-tête avec le PG ? Les réponses ambiguës ou alambiquées au sein du noyau dirigeant ont de quoi susciter quelques inquiétudes. La même question est d'ailleurs posée au PG... Réponse au prochain numéro.

Philippe Stierlin