Octobre 2008

Le CN du PCF invente la schizo-stratégie

Si le Parti communiste était une personne, elle aurait un sérieux problème d'identité, de l'ordre de la schizophrénie.

D'un côté, le "parlement" du Parti vient d'adopter une résolution intéressante concernant les élections européennes de juin 2009 : elle lance un appel à toutes les forces et aux citoyens pour la constitution de listes unitaires ; elle inclut de co-élaborer les contenus d'une campagne commune. Le débat a notamment concerné une formulation très maladroite, qui présentait le renouvellement des élus sortants communistes comme une forme de préalable. Après discussion, il a été rappelé que Francis Wurtz avait été élu sur une liste co-construite, dans la continuité de la gauche populaire et citoyenne des Régionales de 2004, le texte évoque finalement la volonté d'élire des députés antilibéraux, dont des députés communistes, notamment là où il y a un élu communiste sortant. Ce passage n'est pas terrible, mais nous nous sommes prononcés pour la démarche, qui marque potentiellement un tournant stratégique : tout dépendra de la concrétisation des intentions énoncées.

D'un autre côté, le débat sur la préparation du congrès, centré sur les travaux de la commission de transparence des candidatures. La base officielle n'a rien d'une base commune ? Le mandat de l'Assemblée générale de décembre 2007 est oublié ? Le bulletin de vote est scandaleux (puisqu'il ne permet pas aux milliers de communistes qui ne se reconnaissent dans aucun des textes de s'exprimer) ? L'Humanité gomme du texte " Nous voulons un débat extraordinaire " la référence au fait que seuls 88 des 254 membres du conseil national se sont prononcés pour la base officielle ? Et certains font mine de s'étonner que nous ne voulions pas jouer le jeu !

Quant aux premières discussions sur la direction, elles révèleraient que les difficultés seraient liées au nombre de membres de l'instance nationale, à l'existence des sensibilités, et non au manque de délibération démocratique et de transparence, aux méthodes et au manque de travail. Il nous faudrait donc une direction " resserrée " et plus " homogène ". Et voilà qu'on se met à chercher " le meilleur dirigeant possible ", Marie-George Buffet dénonçant sévèrement les prétendants en campagne.

Il n'est pas souhaitable et pas possible de jouer le jeu habituel des congrès ordinaires. Car, dans la situation où nous sommes, le seul choix conséquent serait de remettre à plat le processus de préparation du congrès.

Les 29 et 30 octobre, il n'y a pas de base commune à départager car il n'y a pas de base commune. C'est pourquoi, partout en France, des camarades soumettent aux Assemblées générales des bulletins de vote alternatifs (indiquant la possibilité de ne soutenir aucun des trois textes), s'apprêtent à voter blanc ou nul, ou se détournent du vote. Souverainement.