Mars 2008 - La continuité sans l'audace

Lors du Conseil national des 29 et 30 mars, la continuité l'a encore une fois emporté sur l'audace, c'est le moins que l'on puisse dire.

Malgré un rapport d'introduction pointant quelques difficultés auxquelles la société, les forces politiques de gauche et singulièrement le PCF sont confrontés, et malgré plusieurs interventions témoignant de nombreuses expériences locales intéressantes, la résolution est restée scotchée sur la "re-crédibilisation" du vote communiste et l'affirmation selon laquelle le PCF sort renforcé des échéances municipales et cantonales.

La ritournelle sur le "PCF-troisième-force-politique" n'a cependant pas masqué le fait politique majeur de ces élections : la bipolarisation vient de franchir un saut qualitatif et quantitatif, sous la forme du bipartisme UMP-PS. Ainsi, si le PS et l'UMP représentaient hier 40 % des conseillers généraux, ils en trustent aujourd'hui 60 % et si la droite perd 200 conseillers généraux, 80 % vont au PS.

D'autre part, la persistance d'un ancrage important du PCF dans certains territoires va avec la poursuite de la dénationalisation et la perte de "bastions" historiques, dont le Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Autrement dit, le parti, ou plutôt ses élus, sont perçus comme des repères de solidarité et de proximité, mais pas comme porteurs d'une alternative politique nationale.

Le débat a aussi concerné le projet : ce chantier est pour certains préalable à la question de la nouvelle force, et c'est le PCF qui doit en être aujourd'hui l'initiateur et demain le porteur ; à l'inverse, nous pensons que la construction d'un nouveau projet et d'une nouvelle force sont deux faces de la même ambition: construire une alternative de transformation sociale avec tous les citoyens et toutes les forces intéressées.

Bref, au lieu de traiter au fond les questions cardinales - comment sortir du bipartisme ? comment et avec qui concrètement construire un projet de transformation sociale ? quelle force politique demain ? quel renouvellement du communisme politique et comment l'inclure au sein d'un mouvement plus large ? - le débat a été en partie phagocyté par les tentatives de faire passer pour un rebond électoral une bien relative résistance.