Février 2008 - Le Modem est-il de droite ? La question vaut d'être posée, après le Conseil national du PCF du 8 février.
Le débat du CN s'est focalisé sur le manque de clarté de la position du PC concernant la possibilité de participer à des listes aux Municipales (au 1er tour, au 2ème tour) ou demain à des exécutifs comprenant le Modem.
Les situations de Grenoble et Paris ont été évoquées, de même que celles de Bordeaux et Montpellier. A Grenoble, la liste comporte 9 membres du modem, dont ses dirigeants locaux. A Paris, il y a des craintes croissantes d'une alliance de 2ème tour avec le Modem. Au-delà de ces exemples emblématiques (grosses villes, dont la capitale), le problème du Modem se pose dans d'autres endroits.Nous (les membres du CN "communistes unitaires") sommes intervenus pour demander une clarification de la position du parti, soulignant la nécessité de ne pas nourrir une recomposition politique autour des options sociales-libérales, dans un contexte de brouillage des valeurs et des orientations, d'envoyer un message clair au "peuple de gauche". Une position ambiguë sur un tel sujet est contraire à tout ce qui fonde l'engagement communiste".
Plusieurs responsables départementaux ont évoqué un "certain trouble" dans le parti
Trois arguments nous ont été opposés, en substance :
- la question d'une alliance avec le Modem ne se pose pas puisque c 'est le PS qui, ici et là, a des vélléités d'alliances,
- le Modem ne constitue pas une entité homogène, il y a en son sein des personnes qui ne sont pas vraiment de droite,
- il ne faut pas mettre en difficulté la dynamique de rassemblement à gauche naissante par une prise de position brutale, et un quatrième "argument" :
- "il est trop tôt", "on ne règlera pas le problème par une déclaration"...
M.G. Buffet est intervenue à deux reprises contre une clarification du texte.
La version finale de la résolution du CN dit ceci : "Et c'est bien parce que l'urgence est de battre la droite et ses idées et de construire une alternative à gauche que le Conseil national dénonce les manoeuvres d'élus socialistes qui, imaginant leur salut du côté du Modem, contribuent à la diluation des valeurs et des convictions propres à la gauche. Il encourage les communistes confrontés à ces situations à continuer à se battre pour la réaffirmation claire et la visibilite dans leur localité des idéaux qui sont les nôtres et ceux de tous les progressistes." Le texte a bougé par rapport à la proposition initiale mais il continue de faire l'impasse sur la position du PCF là où le PS décide ou prépare une alliance.
Nous avons proposé d'intégrer un amendement tout simple à la suite de c e paragraphe :"Il est exclu que les communistes participent à des listes incluant le Modem, d'une manière ou d'une autre." Cet amendement a été repoussé par 80 voix contre 9 pour et 13 abstentions.
La résolution a été adoptée avec les voix du courant orthodoxe (habituellement si prompt à dénoncer les compromissions avec les ennemis de classe et les liquidateurs blablabla...) et en l'absence de très nombreux camarades (le Cn comporte en principe 254 membres).
Franchement, voir ainsi tergiverser la direction du Parti communiste sur une question aussi basique donne un sentiment de consternation. Plus au fond, on sent la volonté d'ignorer les raisons pour lesquelles "on en est arrivé là". En particulier, il n'y a aucune réflexion sur les raisons pour lesquelles nous sommes "coincés" entre les sociaux-libéraux et l'extrême-gauche protestataire, faute d'avoir constitué avec d'autres un espace de la gauche de transformation sociale.
Reste que le problème politique n'est pas réglé par la "position du jour". Nous verrons en effet dans les prochaines semaines si le PS multiplie les démarches pour rallier le Modem, ce qui posera la question de notre attitude dans les villes pour le 2ème tour, puis par rapport à la participation à des exécutifs ( y compris pourquoi pas dans des départements).
Dernier point : cela s'est exprimé lors de ce CN, la ligne du noyau dirigeant est d'espérer des scores honorables (et peut-être quelques gains possibles) qui lui permettraient de faire valider rapidement l'option qui est la sienne pour le congrès (la continuation du PC, ou le Pc continué, ou le P continuant le C, ou le C poursuivant le P, c'est-à-dire de ne - presque - rien changer).
Il nous semble responsable :
- de continuer à militer pour obtenir des scores honorables et si possible des gains dans toutes les configurations situées clairement à gauche,
- de s'opposer à toutes participations du PCF à des listes et à des exécutifs incluant le Modem.