Titre: communisme en mouvement

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10 Mai 2010

Ce texte, qui concrétise l'appel à un départ collectif du PCF lancé fin mars, a été rendu public lors d'une conférence de presse ce 10 juin 2010, en présence de plusieurs de ses 200 signataires.

Nouveau Départ

Une page se tourne, celle de notre adhésion au Parti communiste français. Ce choix de le quitter coûte à chacun d'entre nous. Nous ne regrettons pas d'en avoir été membres. Nous le quittons car ce qu'il est devenu ne concrétise plus ce qui nous motive : proposer des réponses émancipatrices pour notre siècle, susciter la participation de tous à cette création, à ces combats politiques.

Nous sommes communistes mais nous quittons le PCF. Bien d'autres avant nous ont fait ce choix. Le plus souvent, ils l'ont fait individuellement, silencieusement. Nous le faisons collectivement parce que nous avons toujours un désir de politique, une volonté d'agir en commun pour l'émancipation.

Notre démission est un nouveau départ.

Nous voulons revisiter le communisme, au moment où le PCF se déchire pour savoir s'il va « muter », se « métamorphoser » ou se « transformer », alors qu'il se maintient dans ses conceptions anciennes autant que dans sa forme hiérarchique. Force est de constater que la culture du Parti de 1920 est restée indépassable.

Il est devenu absurde et insupportable de voir stigmatisée la diversité. Loin de construire l'unité des communistes, la direction du Parti a nourri le désarroi et les divisions ; elle gâche d'immenses énergies militantes. Les pratiques de mise à l'écart qui ont resurgi depuis 2007 sont autant d'invitations à partir : quand bien même nous voudrions rester membres du PCF, nous en sommes de fait évincés, comme d'autres l'ont été avant nous.

Le sens des responsabilités historiques a laissé la place au maintien d'un appareil hérité de l'histoire. Faute de renouvellement, le Parti communiste s'est replié sur lui-même ; sa cohérence est aujourd'hui faite de souvenirs et son poids dans l'espace public est marginal. Résultat : il ne propose plus de perspective pour notre société.

Le vieux schéma de la prise du pouvoir commandait une idée du parti : avant-garde éclairant les masses puis dirigeant en leur nom. C'est devenu insupportable au plus grand nombre. Marx avait raison : « L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Il faut inventer l'organisation en cohérence avec cette visée.

En matière d'union, la direction du PCF s'accroche dans les actes à la forme du cartel pour imposer une hégémonie défunte. D'où l'étroitesse qui bride l'essor du Front de gauche, en contradiction avec l'objectif sans cesse énoncé de favoriser l'appropriation de la politique, des savoirs et des pouvoirs par toutes et tous. On invoque un «nouveau Front populaire», mais au-delà des mots où sont les audaces unitaires communistes qui permirent 1936 ? Or, sans audace, le rassemblement ne peut pas être à la hauteur.

Il est urgent de construire une alternative. La crise du système capitaliste s'étend en Europe et dans le monde. Au lieu de renforcer les protections sociales, les politiques néolibérales, totalement formatées, brisent les solidarités, cassent les services publics, généralisent les précarités, renforcent le productivisme, s'attaquent à la nature et au vivant, nuisent au climat et produisent une société inégale et sécuritaire. Une oligarchie prend le contrôle de tous les pouvoirs contre la démocratie et le progrès social partagé. Les rapports sociaux sont d'une grande violence. La dignité de chacun, la vie même sont menacées.

Il faut une nouvelle audace politique pour s'opposer à ce rouleau compresseur. Nous relevons le défi et voulons le faire avec d'autres.
Nous voulons reconstruire dans les conditions d'aujourd'hui l'alliance de la radicalité théorique et pratique avec l'immersion dans la société. Cette alchimie a permis des luttes victorieuses, d'élargir la démocratie aux classes populaires, de faire bouger la société, de créer des espaces émancipés de la domination du marché.

Cette révolution démocratique est en gestation. Elle est « déjà là » dans nombre de luttes, de mouvements, de modes de vie, d'expressions culturelles, sans que ceux-ci ne trouvent le chemin de leur explicitation politique.

Cette société post-capitaliste, nous la reconnaissons dans l'implication professionnelle malgré l'arbitraire hiérarchique au travail, dans la volonté soutenue de participation et de maîtrise des choix, la vitalité de l'économie sociale et solidaire, la montée des exigences écologiques et des mobilisations pour les biens communs, l'extension des domaines de luttes, le dynamisme des associations, le développement des réseaux sociaux, la création artistique et culturelle, les potentialités ouvertes par les avancées des sciences et des techniques, les nouveaux champs de la gratuité, la créativité des combats féministes et sociétaux, des luttes post-coloniales... Une autre société se cherche et s'invente au quotidien. Il lui manque de la force, de la visibilité, de la mise en relation entre toutes ces expériences ; il manque une proposition politique qui les reconnaisse pleinement pour inventer un nouveau monde.

Nous voulons travailler à l'émergence d'un mouvement politique pluraliste qui saura porter le combat pour l'égalité et pour l'intérêt commun sur tous les terrains : celui du partage des richesses et du pouvoir, celui du travail et de ses statuts, mais aussi ceux de la ville, des migrations, de la valorisation des diversités, de l'écologie et de la construction d'autres rapports Nord - Sud.

Nous voulons redonner toute sa vigueur au combat pour la liberté, contre une pratique du pouvoir de plus en plus autoritaire. L'idéal de liberté est mis en cause par l'utilitarisme qui prévaut à l'école, par les politiques sécuritaires, par la mise au pas de la justice, par la casse des politiques culturelles, par des médias étouffés politiquement et financièrement, par la mise sous surveillance d'Internet, mais aussi par les réformes institutionnelles, dont celle destinée à mettre au pas les collectivités locales.

Nous voulons contribuer à politiser des enjeux neufs pour trouver des réponses démocratiques : accès et financement de la santé, de l'école et de la culture, émergence d'un droit international, place des nanotechnologies, propriété du vivant, protection de la nature, nouveaux temps de la vie...

Pour faire face à ces défis, la situation nécessite de rassembler politiquement les classes populaires, la jeunesse, les intellectuels et les artistes, les syndicalistes, les associations et les militants des quartiers, et tous ceux qui aujourd'hui regardent avec méfiance - avec défiance - la politique. Nous voulons, avec eux, faire de la politique qui dépasse la contradiction représentés / représentants ; qui réduise l'écart entre le social et tous les pouvoirs. L'ampleur de l'abstention commande de ne pas continuer la politique telle qu'elle se fait aujourd'hui.

Nous voulons trouver une nouvelle dynamique pour la gauche d'alternative, une dynamique capable de contester la domination du social-libéralisme sur la gauche. Cela suppose de dépasser les limites du Front de gauche par une nouvelle dynamique populaire ouverte à toutes les forces et à tous les citoyens.

Ce que nous voulons, nous pouvons l'élaborer à travers le partage réfléchi des pratiques, l'invention expérimentale d'un mode d'organisation et la contribution au pluralisme d'une vraie gauche.

Partage réfléchi des pratiques. Le « nouveau communisme » partira d'enjeux criants de dépassement du capitalisme - nouveaux droits des salariés dans les entreprises et les services, nouveau type de développement, nouvelles politiques de la ville et du territoire, nouveaux cahiers des charges de l'information et du débat d'idées... -, engager des initiatives, échanger les expériences, pousser la réflexion théorique, apprendre ensemble. Il s'agit de faire germer un mouvement associatif de subversion politico-sociale enraciné dans le local pour mieux changer le global.

Invention expérimentale d'un mode d'organisation. Il s'agit de faire vivre une forme neuve d'organisation, entièrement aux mains de ses acteurs, de centrer sans cesse l'activité sur les chantiers de la transformation sans rien sous-estimer pour autant de la politique institutionnelle ni des formes d'intervention qu'elle exige, mais toujours avec une ambition transformatrice et sous contrôle du mouvement associatif lui-même.

Contribution au pluralisme d'une vraie gauche. Une crise inouïe, partout des colères, et à gauche c'est le social-libéralisme qui domine ! Il faut que ça bouge. Beaucoup ne nous ont pas attendus, mais dans un pluralisme émietté. D'où un impératif : nouer pour l'action des dialogues exigeants et sincères avec toutes les forces de vrai changement : écologiques, trotskistes, alternatives, associatives, militances de quartier, et d'autres, pour apprendre les uns des autres, concerter les initiatives, revigorer le goût de la politique, lancer une dynamique de la gauche transformatrice.

Notre décision est une mise en disponibilité pour travailler avec tous ceux qui le souhaitent, dans un large spectre, notamment bien sûr celles et ceux qui resteront adhérents du Parti communiste, pour que la politique apporte de nouveau des réponses alternatives et un espoir.

La crise politique et institutionnelle doit être prise comme une « obligation » d'invention ; la visée d'un autre monde est à construire avec toutes celles et tous ceux qui cherchent à se mettre en rupture avec le capitalisme et toute société fondée sur des rapports de domination. Face à la multiplication de lieux séparés, qui témoigne aussi de la crise politique et de la perte d'espérance, nous voulons travailler à la convergence d'associations, de journaux, d'organisations politiques, de militants.

Nous proposons un rendez-vous à tous les communistes, dès juin, pour des initiatives du type « forums du communisme », en lien, entre autres, avec l'Association des communistes unitaires.

Nous nous engageons à être acteurs, notamment avec la Fédération pour une alternative sociale et écologique, des initiatives qui contribueront à des avancées vers un nouveau projet et vers la création d'une force de transformation sociale et écologique. Nous proposons d'engager avec tous ceux qui le souhaiteront et toutes les forces qui le voudront un large processus du type « Etats généraux de la transformation sociale et écologique ».

Signataires au 10/06/2010

ABAD Ghislaine, ABAD Robert, ABRAHAM Yann, ALAPETITE Julien, ALFONSI Gilles, ALONSO-COSTE Dominique, ALZIEU Pierre, AMAR Anne-Marie, AMAR Michel, ANDRIEN Jean-pierre, ANDROS Josiane, ANIORT Yves, ASENSI François, ATTIA Dominique, BACCA Armand, BADEYAN Gérard,ANDELIER Bernard, BARTHES Alain, BELTRAN Stephan, BELTRAN Saphia, BELVISO Nathalie, BENKHELOUF Boualem, BENSAID Murielle, BENTOLILA Michel, BERNARDI Patricia, BERNARDI Catherine, BERNARDI Gilbert, BETHUNE Lionel, BIANCIARDI Franco, BLANCHARD Dominique, BOITTE Gilles, BONNAMY Gilles, BONNET Daniel, BOUDIA Liliane, BOUDIA Serge, BOUHOUN Claude, BOULNOIS Jean-Luc, BOURCET Christine, BOURGOIS Dominique, BRAFMAN Jean, BRAOUEZEC Patrick, BREGLIANO Jean-claude, BREGLIANO Andrée, BRES Eric, BRIOT Roger, BRUANT-ZORNETTE Annie, BUREL Catherine, BUSTAMANTE Didier, CALABUIG Bernard, CALABUIG Viviane, CAMPA Pierre, CAMPA Pierrette, CANFORA Mario, CHASSAING Lionel, CHAUVET Maurice, CHIOUSSE David, CLARY Maleine, CLOUSE Jean-Paul, CONSTANT Claude, COUSIN Jean-Gil, COUSIN Martine, CROQUETTE Alain, CUISINIER Christiane, CUISINIER Jean-Claude, DALBERA Daniel, DAMOINET Pascal, DANTAL Bernard, DAUMAS Claude, DEBEST Jean-Paul, DEDRYVER Christiane, DEDRYVER Jean-Claude, DEL PICCHIA Evelyne, DELAHOUSSE Chantal, DELANNE Robert, DESCHAMPS Jean-Marc, DESTOM Catherine, DEVERINES Didier, DIOUDONNAT Julien, DOUSSAIN Etienne, DUCOL Genneviève, DUCOL Jacques, DUPRE Laurent, EYRAUD Laurent, FABBRI Fabien, FAURE Jean-Claude, FOCRET Marc, FRAYSSE Jacqueline, FREZOUL Guy, GARELLI Pierre, GIL Thierry, GIRAUD-SAUVEUR Marc, GIRAUD-SAUVEUR Chantal, GOLBERG Serge, GOLDBERG Pierre, GOUIRAND Alain, GRAFFARD Marc, GROSSVAK Serge, GRYLEC Alfred,GUEDU Philippe, GUITTIER Grégory, HUOT Catherine, HUOT Claire, JACQUIN Bernard, JACQUIN Michel, JACQUIN-LE-FICHANT Catherine, JARRY Patrick, JOUCLA Jean-Jacques, KALISZ Serge, KERMANN Jacques, KRANJCEWIC Jean, KIINTZ Michèle, KLEMENTIK Nicole, KOUTCHINSKI Jean-Marie, LACREUSE Marc, LADEUIL Véronique, LAGACHE Richard, LAGAL Robert, LANA Nathalie, LANNEAU Jocelyne, LAPORTE Pierre, LARUE Sylvie, LATOUR Patricia, LAVERNE Yves, LE FUSTEC Corinne, LEBRACHE Malika, LECCIA Marcel, LECOINTRE Sylvain, LEGOFF Jean-Claude, LEMOIGNE Marc, LENTINI Jean Charles, LIZARAZU Pierre, LOMBARDO Bernard, LUCKY Thiphaine, MACIAZEK Denis, MADAULE Olivier, MAIZE Cathy, MARKIDES Vincent, MARRUCCHELLI Fernanda, MARTELLI Roger, MARTIN Alain, MARTIN Christian, MAUDUIT Danièle, MAUDUIT Gérard, MAURO Claudine, MEGHERBI Halima, MEIGNAN Youri, MESSAOUDENE Majid, MEYER Philippe, MAYER-FABBRI Nicole, MIALOT Jean, MIALOT Dominique, MUSCAGORRY Jean-louis, NOUZAREDE Pierre, OLLIVIER Serge, PALLEAU Jean, PERRIER Franck, PIGNOL Frédéric, PONTAIS Catherine, POUJOL Virginie, POUPON Gilles, PROULT David, PUIBUSQUE Camille, QUAY-THEVENON Pierre, QUINTART Brigitte, QUITON Luc, RENNES Pascal, REUGE-CHIOUSSE Suzanne RIVIERE Alain, ROBERT Michel, ROBLIN Benoît, ROME Daniel, ROULLET Patrick, ROUVEROT Michèle, SANNA Eric, SCHEER Roland, SCHMITT Elisabeth, SEVE Lucien, STIERLIN Philippe, STOLL Nadine, STOLL Guy, SVOBODA Eric, TAILLEUR Jean, TASSY Marcel, TIRATAY Roger, TOMAS Jean-Luc, TORRES Sylvie, TOUZET Thierry, TRABUT Françoise, TRABUT Michel TRABUT Aline, TRICOT Catherine, TRICOT Jacques, TRICOT-DEVERT Sylvie, TROULET Bernard, VALADEAU Hélène, VERMEULIN Christian, VIDAL Maryse, VIGIER Rudy, VILNER Luciana, VILNER Jean, VRAIN Philippe, ZARKA Josiane, ZARKA Pierre, ZELLNER Jean.


1. Voir l'appel à la réunion initiale "Que faire ? Autre chose ? Autrement ?", l'introduction au débat et des interventions, ainsi que des prises de positions ultérieures ici.