Titre: communisme en mouvement

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26 Mars 2010 :

Que faire ? Autre chose ? Autrement ?

Intervention de Bernard Calabuig

Le point de départ d'un processus pour une construction novatrice

La décision que nous avons à prendre ce soir n'est pas des plus simples. Que faire ? Autre chose, autrement. Je conçois notre réunion comme le point de départ d'un processus pour une construction novatrice. La question du départ du PCF n'apporte sur le fond aucune résolution au problème qui est posé, à savoir notre capacité à contribuer à un rassemblement qui conjugue tout à la fois vocation majoritaire et transformation sociale.

Un rassemblement de caractère radical qui ne se donne pas les moyens de parvenir à une majorité, disons le tout net, est inutile. De même un rassemblement majoritaire qui s'accommoderait des thèses du libéralisme conduirait à un nouveau désastre.

Le PCF n'est plus en capacité de porter l'espérance d'un avenir meilleur.

Quitter le PCF, l'acte n'est pas facile, il n'est pas facile, car pour la plupart d'entre-nous le militantisme en son sein a structuré une grande partie de notre vie.

Le collectif communiste, ce que nous appelions affectueusement "le Parti" a contribué à faire de nous ce que nous sommes. Cependant, nous constatons en toute lucidité, que le PCF auquel nous avons adhéré, ce Parti qui a dans son histoire conjugué radicalité et gestion, qui malgré le stalinisme, son attachement au modèle soviétique, a su faire preuve de créativité et de novation dans les moments décisifs de notre histoire, ce Parti qui a tant contribué à la politisation du peuple et particulièrement de la classe ouvrière, qui a formé des militants ouvriers à la politique, jusqu'à en faire des hommes et des femmes qui furent en capacité de se mesurer d'égal à égal avec les représentants de la haute bourgeoisie, ce Parti qui à longtemps porté l'espérance d'un avenir meilleur, faute de n'avoir pas su bouger, se transformer, n'existe plus. Le PCF d'aujourd'hui n'est plus le Parti auquel nous avons adhéré.

Jusqu'au bout, j'ai essayé, ces dernières années, de travailler une transformation /métamorphose, de l'outil. Artisan, avec d'autres, de la liste alternative au dernier congrès, encore membre de l'exécutif national à ce jour, je suis obligé d'acter que nous ne ferons plus rien bouger de l'intérieur.

Quitter le PCF n'a de sens que si nous décidons de nous lancer dans une nouvelle aventure collective, que si cela permet de libérer des énergies aujourd'hui stérilisées. Cela n'a de sens que si nous dégageons de la disponibilité d'esprit pour appréhender les situations sous un autre angle.

La crise des institutions

L'élection régionale qui vient de se dérouler est marquée, avant tout, par une crise de la démocratie. Certes la gauche l'a emporté en bénéficiant d'un vote sanction contre la politique Sarkozy, mais nul ne peut analyser le vote de dimanche dernier comme un vote d'adhésion à un projet Socialiste que d'ailleurs personne ne connait.

La gauche l'emporte avec un peu plus de 50% de participation, contre 64% en 2004. Je m'arrête un instant sur cette abstention qui d'élection en élection ne faiblit pas, que dire des plus de 750 000 qui se sont déplacés au 1er tour pour voter blancs ou nuls, ils étaient plus du million au 2ème tour.

S'agit-il seulement d'une question relative à l'absence ou à l'insuffisance de l'offre politique ? Je ne le pense pas. Il y a une remise en cause, confuse, du caractère délégataire de la politique. Une prise de distance avec les institutions, la parole portée par les représentants des institutions a de moins en moins de poids, de nombreux exemples pris dans l'actualité pourraient en témoigner.

Cette crise pose la question de la légitimité, des régions sont dirigées, avec 16 à 17% des inscrits, si nous rajoutions celles et ceux qui, en âge de voter, ne s'inscrivent pas sur les listes, le taux serait encore plus bas. Cette crise doit nous interpeller, transformer la politique pour transformer la société est devenu un chantier incontournable.

Les Partis, tels qu'ils sont, constituent un obstacle, à l'émergence d'une nouvelle citoyenneté.

Les logiques qui caractérisent les appareils des Partis, sont en décalage avec les attentes des populations, elles constituent un obstacle pour l'émergence d'une nouvelle citoyenneté. La FASE a été avant le 1er tour la victime des logiques d'appareils d'organisations du « Front de gauche » plus puissantes. Au deuxième tour, les partis qui composent le « Front de Gauche » ont été mis à mal par l'intransigeance du Parti prédominant à Gauche, le Parti socialiste.

Alors oui, faire autre chose, autrement, sortir des sentiers battus.

Nous sommes obligés de constater que depuis 2005, nous sommes en échec dans le rassemblement de la gauche de gauche, nous nous épuisons dans la recomposition politique, au détriment de la novation.

Nous devons contribuer à ouvrir un espace, bien plus large que la FASE, un espace dans lequel se mêlent tout à la fois les forces constituées, mais surtout les citoyens et - je pense aussi aux jeunes-, où toutes les cultures de la gauche cohabitent. Finalement, une sorte de coopérative, dommage que cette idée soit déjà prise. Un espace susceptible de nourrir la société d'idées et de propositions phares qui donnent un sens, identifie une voie. Un espace où chacun est copropriétaire à égalité avec d'autre.

Sortir des sentiers battus, c'est contribuer à un rassemblement transformateur à vocation majoritaire, qui a pour but de faire gagner la gauche politiquement et non pas seulement arithmétiquement. Si pour moi il n'est pas question de courir en permanence derrière les échéances électorales, il est impensable de rester sur la touche, il faudra bien que du bouillonnement que nous voulons provoquer émerge avant l'élection Présidentielle, les axes structurants d'un projet, ainsi que la personnalité pour le porter lors de cette échéance.